
C'est en 1999 qu'il explose. A l'époque, j'étais aux Etats-Unis. Sur Libé.com, j'ai suivi la taxe sur le roquefort et en représailles, le sacage du McDo de Millau. Puis il y a eu Seattle et le forum de l'OMC, en fin d'année. Les altermondialistes troublent le jeu.
Au début du nouveau siècle, ils se rendent indispensables. Le très médiatique José Bové et ses moustache gauloise débarquent sur les plateaux de télé. "Un autre monde est possible". On parle de Porto Allegre, de commerce équitable; des mouvements émergent comme Attac. D'emblée, j'étais septique envers ce mouvement qui regroupe pelle-même de vieux soixante-huitards (qui jouent à des remake de la mère dans Goodbye Lenine), des syndicalistes, des anarchistes, des skinheads (les redskins, pas les néo-nazis), des trotskistes, des écolos, pas mal de bobos et même des djihadistes. Il n'y avait ni porte-parole unique, ni ligne officielle, d'où de nombreux dérapages aux accents nauséabonds, notamment sur les Juifs, après le 11 septembre.
En 2001, à Gênes, l'altermondialisme eu son martyr, un casseur tué par un policier.
En 2002, la "gauche de la gauche" pèse sur la présidentielle. Alors que le PCF de Robert Hue coule, LO et la LCR émergent. Certains rêvent de grands soirs, d'union de l'extrême-gauche.
En 2003, ce sont le grandes manifestations pacifistes contre la guerre en Iraq avec le fameux slogan "pace".
En 2004, première tentative de récupération, lors des régionales. Dans leurs clips, le PCF et les verts montrent des images des manifestations et glissent au milieu quelques photos de leurs militants, genre "on était là; le mouvement alter, c'est nous".
En 2005, le "non" à la constitution européenne l'emporte. C'est la victoire des alters sur ce qui représente la libéralisation à outrance (et sur des médias largement "ouiouistes".)
Puis il y a eu un flottement. Attac refuse de devenir un parti politique ou de glisser des consignes de votes. La réélection de son chef donne lieu à une véritable foire d'empoigne, guère pacifique. Fabius, qui comptait capitaliser sur le "non", fait long feu. Besancenot rêve d'une "bouffe à 4". Buffet sait que si elle se présente, le PCF fera 2%, d'où la tentation de pactiser avec le PS, dominé par les "ouiouistes", pour négocier des ministères. La base veut un candidat à la présidentielle. Le PCF tente alors une vrai-fausse alliance avec un vote du candidat de la "gauche de la gauche". Astuce: des militants communistes montent de faux "collectifs alter" pour faire pencher la balance. Buffet est élu, mais personne ne veut d'elle. L'extrême-gauche est plus divisée que jamais et cette bataille d'égo dessert clairement sa crédibilité.
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