
Quand on parle d'évolutions technologiques, on parle d'ordinateurs, de téléphones portables, mais qui parle des appareils-photos ? Il y a une douzaine d'années, c'était encore le temps de l'argentique. La préhistoire. Il fallait acheter un "film" de 24 ou 36 "pauses". Avec un peu de chance, vous avez 1 ou 2 photos en rab'. A chaque clic, il fallait faire avancer le film. Soit manuellement, soit avec un bref bruit de moteur. Puis il fallait rembobiner la pellicule, la garder précieusement, puis la donner à un labo. Les pros avaient leurs propres labo. Une salle faiblement illuminée (les pellicules n'aimaient pas la lumière), où l'on développait, photo après photo. La feuille de papier argentique passait d'un bac à un autre, jusqu'à ce qu'il apparaisse, petit à petit. Pour les autres, c'était le photographe. Des grandes centrales proposaient de développer les photos en 1 heure. Et le truc, c'est que tant que la photo n'était pas développée, vous ne saviez pas comment étaient vos photos ! En général, pas question de mitrailler. Vos vacances tenaient en 1 ou 2 rouleaux. 1 photo par paysage. Puis en rentrant, c'était la loterie. Eh oui, le superbe panorama était trop exposé ou flou. Tant pis. L'ultime punition, c'était le film voilé, donc entièrement fichu. Les grands photo-reporter devaient savoir d'instinct si une photo était bonne ou pas. Avant l'invention du reflex, il fallait même réfléchir à la position de l'objectif.
Maintenant, plus de rouleau. Une carte mémoire peut stocker plusieurs milliers de photos. A chaque reportage, je fais entre 200 et 400 photos. Comme ça, dans le lot, il y a bien une vingtaine de potables. Ensuite, je peux faire du "perso". Avec l'écran de l'APN, je sais immédiatement si la photo est belle. Et puis, avant, prendre une photo de nuit réclamait un matériel perfectionné. Maintenant, les APN sont capable de prendre des scènes d'intérieur. Et plus besoin de "développer". Pour faire mes articles, il me suffit de brancher mon APN sur l'USB, puis je peux retravailler numériquement les photos. En quelques clics, on peut faire des merveilles. Et avec un smartphone, on peut carrément balancer directement ses photos sur les réseaux sociaux.
Et le plus incroyable, c'est que tout s'est passé en un temps record. Encore plus rapidement que la transition vinyle/CD ou VHS/DVD. Il y a 15 ans, c'était l'apogée de l'argentique. Des boites comme Kodak, Fuji (pellicules) ou Ilford (papier professionnel) semblaient immortelles. Vers 2005, les premiers APN grand public apparaissaient. Ils étaient gros, lents et faisaient des clichés assez moyens. 4 ans plus tard, l'argentique était balayé. On ne trouvait déjà quasiment plus de pellicules. Kodak et Ilford se déclaraient en faillite.
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