
Je me souviens que lorsque je savais à peine lire, mon père avait (a?) un livre qui s'appelait "Papa Doc et les tontons macoutes". Le titre me faisait sourire et j'étais alors persuadé que c'était un conte humoristique pour enfants...
On parle "d'île frappée par le malheur". En fait, elle fut surtout frappée par l'oubli. Le CRAN évoque avec des trémolos les esclaves qui se soulevèrent contre l'occupant, mais il évite d'évoquer la suite... Lorsque Jean-Jacques Dessalines vainquit les troupes de Napoléon, sa première décision fut d'exécuter ses opposants, débutant ainsi une tradition haïtienne. Certains se souviennent peut-être qu'Alexandre Dumas était le petit-fils d'une esclave Haïtienne, en revanche, Laureen Hill, ex-Fugees, a tiré un trait sur son passé. Dans les années 70, les travailleurs Haïtiens partent chercher du travail au Zaïre, ils en reviennent avec le sida, une maladie connue depuis les années 20, puis partent immigrer aux Etats-Unis. Le tourisme sexuel en vogue à Haïti dans les années 80 fit sans doute le reste. On se souvient des "sidatorium" de Le Pen, par contre, on a oublié la chasse aux Haïtiens de New-York (accusés de transmettre le sida.) En 2004, Jean-Bertrand Artistide, le prêtre devenu président, puis despote, est chassé sous la pression des Etats-Unis. Les Guignols font le parallèle avec Salvadore Allende; les communistes Chiliens ont du apprécier. Peu après, John Kerry, en pleine campagne présidentielle, tente d'attirer l'électorat Haïtien avec quelques mots dans un créole pathétique.
Depuis, plus rien. L'instabilité politique et la misère règnent là-bas. La carte ci-contre provient du Quai d'Orsay. Il déconseille d'aller dans les zones orangées... Les barons Colombiens de la drogue tentèrent d'en faire une plaque tournante. Mais eux-mêmes trouvaient que le pays n'était pas assez sûr! Pendant que les associations droitdelhommistes hurlent parce qu'Eric Besson met 3 Afghans dans un charter, en Guadeloupe, on rempli des avions d'Haïtiens sans-papier sous les applaudissements (voir en agitant une machette à l'intention de ceux qui voudraient revenir.)
Puis il y a eu le tremblement de terre. On s'est alors rappelé qu'Haïti existe. A l'aéroport de Port-Au-Prince, les avions se battent pour l'unique piste d'atterrissage. Les humanitaires se bousculent. Les dons affluent. Comme d'habitude, on donne trop et n'importe comment. Dire qu'il y a un an, René Préval n'arrivait pas à trouver les 1,5 milliards de dollars nécessaire pour sortir son pays de la pauvreté...
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